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Le chemin olympique vers la durabilité et l’héritage (1994-2024)

Par Jean-Loup Chappelet

Jean-Loup Chappelet, est professeur émérite à l’Université de Lausanne à l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP).

Article publié dans le cadre du projet Territoire et Héritage Sportif ; itinérance et patrimoine, autour du cas landais – TEHSport-Landes (AAP MSHBx 2024).


Sommaire:


Résumé

Cet article vise à comprendre pourquoi et comment les concepts de durabilité et d’héritage sont successivement apparus et ont été utilisés dans le discours olympique durant les trente dernières années, de 1994 à 2024. Il montre que ces concepts ont été précédés par celui de protection de l’environnement de la région olympique et suivi par celui d’impact à court terme des Jeux olympiques, en complément de l’héritage à long terme espéré de l’événement planétaire. L’article est basé sur une analyse des documents officiels du Comité international olympique publiés depuis les années 1990 et d’articles scientifiques de spécialistes, ainsi que sur des discussions informelles avec eux. Il peut aider à mieux cerner la notion mal définie de durabilité des Jeux et permettre à de futurs organisateurs olympiques de la mettre en œuvre. Il suggère d’orienter de futurs travaux vers la recherche de solutions en vue d’une toujours meilleure durabilité des éditions successives des Jeux plutôt que vers une critique (souvent justifiée) des éditions passées.

Mots-clés : environnement, impact, jeux olympiques d’hiver, Tokyo 2020, Paris 2024.


Introduction

Durabilité (traduction officielle de « sustainability »[1]) et héritage (« legacy ») sont devenus, au tournant du XXIe siècle, deux mots-clés du discours olympique. Cet article souhaite comprendre pourquoi et comment ces deux concepts se sont progressivement imposés à partir des années 1990 au point d’être aujourd’hui un passage obligé pour toute organisation du système olympique, en particulier les comités locaux d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP) et le Comité international olympique (CIO) qui attribue les Jeux d’été, d’hiver et de la jeunesse à une ville et/ou région qui forment ensuite le COJOP.

L’article est basé sur l’analyse de documents officiels du CIO et des COJOP successifs depuis les années 1990 et sur des publications scientifiques de spécialistes de ces questions dans le cadre olympique. Il est complété par des discussions informelles avec ces spécialistes et divers responsables au sein du système olympique. Il peut servir à comprendre la relation inévitable entre les deux concepts et aider les organisateurs de Jeux futurs ou d’autres grands événements sportifs à les employer à bon escient et à les mettre en œuvre de façon efficace.

L’article est divisé en trois parties. La première retrace l’apparition du concept de protection de l’environnement puis de durabilité dans le discours olympique durant la présidence du CIO de Juan Antonio Samaranch. La concentration sur l’héritage et l’impact olympiques durant la présidence de son successeur Jacques Rogge fait l’objet de la deuxième partie. La troisième partie est consacrée au retour de la durabilité dans les objectifs olympiques au début de la présidence de Thomas Bach. Une quatrième et dernière partie montre comment les concepts de durabilité et d’héritage sont réunis et appliqués à la fin de la présidence Bach en vue des Jeux d’été de Tokyo 2020 et Paris 2024 avec notamment la notion d’impact qui s’impose en amont de celle d’héritage. Quelques pistes pour de futures recherches et une meilleure durabilité olympique sont abordées en conclusion.

Environnement et durabilité dans le discours olympique

On peut dater l’apparition du concept de durabilité dans le discours olympique des années 1990 sous la forme d’une préoccupation pour la protection de l’environnement que l’on nomme aujourd’hui « durabilité environnementale » pour souligner que la durabilité ne se réduit pas à la protection de l’environnement. Pourtant ces préoccupations sont anciennes pour l’organisation des Jeux olympiques. Chappelet (2008) les fait remonter aux Jeux olympiques d’hiver de 1932 à Lake Placid (États-Unis) où un groupe citoyen de protection d’un parc régional local arrive à faire déplacer la piste de bobsleigh prévue pour les Jeux dans un lieu où il est nécessaire d’abattre moins d’arbres. Il voit d’ailleurs dans la préoccupation environnementale un héritage des Jeux d’hiver pour le système olympique, autrement dit une préoccupation obligatoire pour tout futur comité local d’organisation à partir de 1932.

Les années 1990 constituent toutefois un tournant à cet égard. Premièrement parce que les Nations Unies organisent à Rio de Janeiro (Brésil) une conférence connue comme le « sommet de la terre » (Earth Summit) où une définition de la durabilité est popularisée sur la base du rapport de l’ancienne première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland : « la satisfaction des besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ». Un observateur du CIO (Fékrou Kidane) y participe. Il deviendra ensuite le chef de cabinet du président du CIO d’alors – Juan Antonio Samaranch – et organisera la première conférence « Sport et environnement » à Lausanne en juillet 1995 sous l’égide du CIO et de l’UNEP (Programme des Nations Unies pour l’environnement). Deuxièmement, les Jeux d’hiver ont lieu durant la décennie 1990 successivement à Albertville 1992, Lillehammer 1994 et Nagano 1998. Ceux d’Albertville sont décriés comme mauvais pour l’environnement, notamment à cause de la construction de la piste de bobsleigh/luge de La Plagne et de son utilisation d’une grande quantité d’ammoniac (Lelouche, 2004). En contraste, les Jeux d’hiver de Lillehammer, qui ont lieu deux ans plus tard à cause du découplage des Jeux d’été et d’hiver qui pour la première fois n’auront plus lieu la même année, feront de la protection de l’environnement un thème majeur de leur communication. Le président du CIO les baptisera lors de son discours d’ouverture comme les Jeux « blancs et verts » (Maloney, 2004). Nagano 1998 poursuivra sur la même lignée en proposant, par exemple, des assiettes recyclables en fécule de pomme de terre au village olympique et une politique d’« hommage à la nature » (Masumoto, 2004).

Cette préoccupation pour l’environnement sérieusement pris en compte par le CIO. Son président consacre son discours à cette question au sommet économique de Davos en 1991. La même année, la Charte olympique mentionne pour la première fois que le CIO « veille à ce que les Jeux Olympiques se déroulent dans des conditions qui prennent en compte d’une manière responsable les problèmes d’environnement » (CIO, 1991, règle 2.10). Mais c’est à l’occasion du Congrès olympique de 1994 qui se tient à Paris en septembre que l’environnement est proclamé comme la troisième dimension de l’olympisme (avec le sport et la culture) (CIO, 1994, Chapitre B) : « L’obligation de respecter l’environnement doit être un principe fondamental de la Charte olympique. Le rôle du Mouvement olympique pour le respect de l’environnement doit être renforcé […] ».

Un an plus tard le CIO créé une Commission Sport et environnement et, en 1996, la règle 2.10 de la Charte olympique est amendée et devient la règle 2.13 qui proclame que le CIO, entre autres : « veille à ce que les Jeux Olympiques se déroulent dans des conditions qui prennent en compte d’une manière responsable les problèmes d’environnement et encourage le Mouvement olympique à se préoccuper de ces problèmes, à traduire cette préoccupation dans toutes ses activités et à sensibiliser toutes les personnes qui lui sont liées à l’importance d’un développement durable » (CIO, 1996, p. 11). C’est la première fois que l’expression « développement durable » apparaît dans la Charte olympique.

À l’approche du XXIe siècle et comme beaucoup d’autres organisations, la commission rédige alors un Agenda 21 adopté par le CIO en 1999 (CIO, 1999) et publié avec le soutien de la société pétrolière Shell International (!). Cet agenda 21 du Mouvement olympique – ambitieux mais aujourd’hui largement oublié – comporte trois parties :


  1. Amélioration des conditions socio-économiques pour la coopération internationale, pour combattre l’exclusion, pour changer les habitudes de consommation et pour protéger la santé ;

  2. Conservation et gestion des ressources, liées aux sites et paysages, aux installations et équipements sportifs, aux transports, à l’énergie, au logement et à la restauration, à la gestion de l’eau, aux déchets et à la biodiversité ;

  3. Renforcement du rôle des principaux groupes concerné par les Jeux (femmes, jeunes, populations autochtones) (CIO, 1999, p. 3-4).

À la suite de la publication de cet agenda 21, la commission coordonne la publication d’un Manuel Sport et Environnement qui se veut plus pratique. Le CIO, qui jusqu’alors avait surtout prôné le développement (économique) pour les villes qui voulaient organiser les Jeux olympiques, passe au développement durable des villes et territoires hôtes, en tout cas en théorie. Un chapitre sur la protection de l’environnement est désormais demandé par le CIO dans le dossier que doivent soumettre les villes candidates. La Ville de Sion, candidate de 1996 à 1999 pour les Jeux d’hiver de 2006, est la première à introduire en plus la notion de développement durable et à produire un « livre arc-en-ciel » pour préciser ses projets en la matière (Sion 2006 Switzerland, 1999). Sa concurrente (Turin), qui sera finalement élue pour organiser les Jeux d’hiver 2006, produit-elle un document intitulé « La pastille verte » pour présenter ses projets en matière d’environnement (Chappelet, 2008)

Concentration sur l’héritage et l’impact olympiques

Mais, en ce tournant du siècle, les villes désignées pour organiser les Jeux se tournent plutôt vers une nouvelle notion – celle d’héritage – pour expliquer à leurs populations que les Jeux ne se limiteront pas à une quinzaine sportive mais laisseront des retombées positives – baptisées « héritage » – à la ville hôte, à sa région et à son pays. Par exemple, la mission stratégique du Comité d’organisation des Jeux du centenaire à Atlanta (États-Unis) en 1996 est ainsi rédigée (italiques rajoutés) :

  • « Organiser les Jeux olympiques du centenaire avec sensibilité, intégrité, responsabilité financière et engagement envers les besoins des athlètes ;
  • Partager avec le monde l’esprit de l’Amérique, l’expérience du Sud des États-Unis et la vision d’Atlanta ;
  • Laisser un héritage physique et spirituel positif et une marque indélébile dans l’histoire olympique en organisant les Jeux olympiques les plus mémorables de tous les temps » (ACOG, 1997, p. 35).

Le Comité de candidature d’Athènes aux Jeux de 2004 parle même dans une de ses brochures de 1997 « d’héritage pour l’olympisme » si les Jeux de 2004 sont attribués à la capitale grecque (Chappelet, 2008).

Cette concentration sur l’héritage s’impose avec la présidence du CIO par Jacques Rogge de 2001 à 2013. Deux ans après les Jeux organisés à Sydney en 2000, une grande conférence est organisée au Musée olympique de Lausanne par la chaire d’études olympiques de l’université autonome de Barcelone. Elle conclut que : « L’idée s’est imposée que les effets de l’héritage ont plusieurs dimensions depuis les plus communément reconnues – architecture, urbanisme, marketing urbain, infrastructures sportives, développement économique et touristique – jusqu’à d’autres moins reconnues mais tout aussi importantes sinon plus. En particulier il est important de signaler l’importance de l’héritage dit intangible comme la production d’idées et de valeurs culturelles, d’expériences interculturelles et non-exclusives (basées sur le genre, l’ethnicité ou les capacités physiques), la mémoire populaire, l’éducation, les archives, les efforts collectifs et le volontariat, la pratique de nouveaux sports, une notoriété globale, les compétences acquises et le savoir-faire, etc. » (Moragas et al., 2003, p. 492 – traduit de l’anglais par l’auteur). La distinction entre héritage tangible et intangible remplace dans la littérature la notion d’héritage physique et spirituel utilisée par le comité d’organisation des Jeux du centenaire (cf. ci-dessus).

En 2003, le CIO affirme pour la première fois dans la Charte olympique qu’il « prend des mesures pour promouvoir un héritage olympique positif dans la ville hôte et le pays hôte, parmi lesquelles un contrôle raisonnable de la taille et du coût des Jeux Olympiques, et encourage les comités d’organisation des Jeux Olympiques (COJO), les autorités publiques du pays hôte et les personnes ou organisations appartenant au Mouvement olympique à agir en conséquence »(CIO, 2003, règle 2.13 aujourd’hui raccourcie et numérotée 2.15). On remarque que cette mention parle d’héritage positifs et reconnaît donc implicitement qu’il peut y avoir des héritages négatifs. D’ailleurs, en 2006, un chercheur australien publie un ouvrage intitulé « Le réveil doux-amer : l’héritage des Jeux olympiques Sydney 2000 » pour souligner les héritages positifs et négatifs de ces Jeux et la difficulté à les cerner six ans après l’événement (Cashman, 2006).

Dès le début du XXIe siècle plusieurs centaines d’articles sont rédigés sur le thème de l’héritage olympique (Scheu et al., 2021). Un consensus s’établit progressivement sur la nécessité de distinguer l’héritage à long terme des Jeux et leur impact à court terme (distinction entérinée, par exemple, dans Holt & Ruta, 2015). C’est à ce moment-là que le CIO lance le projet OGGI (Olympic Games Global Impact) qui vise à mesurer l’impact des Jeux olympiques selon les trois sphères du développement durable (économique, sociale et environnementale) avec une batterie de 126 indicateurs (Dubi et al., 2003). Le CIO oblige alors tous les comités d’organisation des Jeux d’été comme d’hiver, en commençant avec Athènes 2004, à commanditer une étude OGGI avec une université locale. Chaque projet OGGI doit produire quatre rapports mesurant ces indicateurs au moment de l’attribution des Jeux, un an avant, pendant et deux ans après. Le but était de voir l’impact des Jeux sur cette batterie d’indicateurs. Seul le comité d’organisation des Jeux de Vancouver 2010 a conduit complètement et sérieusement une telle étude avec l’université de Colombie britannique (UBC) (Vanwynsberghe, 2015). Elle fut rebaptisée OGI (Olympic Games Impact) dès Londres 2012.

Le début du XXIe siècle est de plus en plus marqué par le besoin de communiquer sur « ce qui reste après les Jeux » pour les promoteurs de candidatures et aussi pour le CIO face à une sérieuse baisse du nombre de candidatures olympiques qui limite énormément ses choix. En 2005, le CIO a encore le choix entre cinq grandes villes pour les Jeux de 2012, mais ce nombre se réduit à trois pour 2020, puis deux pour 2024 (Paris et Los Angeles) au point que le CIO décide d’une double attribution (Paris pour 2024 et Los Angeles pour 2028) afin de « ne pas perdre deux bonnes candidatures » selon les déclarations de son président. La situation n’est pas meilleure pour les Jeux d’hiver (3 candidatures pour 2018 et 2 pour 2022).

Dès lors, toutes les villes qui veulent obtenir l’organisation des Jeux basent leurs candidatures sur le concept d’héritage puis se rendent compte, souvent une fois les Jeux obtenus, qu’il n’est pas très bien adapté à la nature éphémère des comités de candidature (une dizaine d’années de longévité) alors que l’héritage vise le long terme. Les déclarations successives de Sebastian Coe qui fut président du comité de candidature de Londres 2012, puis du comité d’organisation sont à cet égard révélatrices (Horne, 2017). En 2006, peu après l’élection de la capitale britannique, il proclame : « l’héritage est absolument épicentrique aux plans pour 2012. L’héritage est probablement neuf dixième du processus d’organisation, pas juste 16 jours de sport olympique » (The Guardian, 4 mai 2006). En 2007, il corrige en disant : « 50 % de l’équipe d’organisation travaille à être sûr que les Jeux fonctionneront et l’autre 50 % passe chaque heure de travail à se soucier de ce que nous allons faire des installations après coup. » (The Guardian, 21 octobre 2007). En 2012 : « Je ne veux pas sembler dire que ce n’est pas mon travail, mais en fait ça ne l’est pas… L’héritage commence après 2012. Nous finissons notre travail et partons ensuite faire ce que nous devons faire » (The Guardian, 9 Mars 2012). Un an après les Jeux (quand le comité d’organisation a été dissous), il appellera à la création d’un plan gouvernemental pour l’héritage olympique pour les dix années à venir (The Guardian, 19 juillet 2013).

Le flou autour du concept d’héritage fait que de nombreux articles scientifiques et cadres conceptuels sont développés pour cerner la question et ses multiples facettes. On peut citer en particulier Preuss (2007) et Chappelet (2012), ainsi que l’ouvrage coordonné par Holt & Ruta (2015). On parle de plus en plus d’héritages au pluriel plutôt qu’au singulier.

Retour à la durabilité des Jeux

À la fin de la présidence Rogge, en 2011, la notion de durabilité fait un retour discret. La règle 2.13 de la Charte olympique (voir supra) est réécrite pour affirmer plus clairement que le rôle du CIO est « d’encourager et soutenir une approche responsable des problèmes d’environnement, de promouvoir le développement durable dans le sport et d’exiger que les Jeux Olympiques soient organisés en conséquence » (CIO, 2011, p. 15).

Le comité d’organisation Londres 2012 développe avec le CIO et d’autres une norme pour certifier des systèmes de management responsables appliqués à l’événementiel. C’est la norme ISO 20121 (ISO, 2012) actualisée en 2024 et utilisée depuis par de nombreux événements pas obligatoirement sportifs et récemment par le comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. Les études OGI deviennent facultatives après Londres 2012 (UEL, 2013) pour finalement être abandonnées comme obligation incluse dans le contrat ville hôte.

Dès son élection en 2013 comme président du CIO, Thomas Bach développe avec les membres et l’administration du CIO un « agenda olympique 2020 ». Il s’agit de la feuille de route stratégique des huit premières années de sa présidence. Il n’a rien à voir avec l’Agenda 21 du Mouvement olympique adopté en 1999 (voir supra). Il est composé de 20+20 « recommandations » à mettre en œuvre dans les années qui suivent son adoption, fin 2014. La recommandation 4 propose d’« inclure la durabilité dans tous les aspects des Jeux Olympiques » et la recommandation 5  d’« inclure la durabilité dans le fonctionnement quotidien du Mouvement olympique ».

À la suite de l’adoption de cet Agenda olympique, la Commission Sport et environnement du CIO, créée en 1995, est remplacée par la commission Durabilité et héritage, mais reste toujours présidée par le même membre du CIO, le prince Albert de Monaco. « La commission de la durabilité et de l’héritage a pour mission de conseiller la Session, la commission exécutive et le président du CIO s’agissant des questions de durabilité et d’héritage afin de leur permettre de prendre des décisions éclairées et justes qui optimiseront les impacts positifs, minimiseront les impacts négatifs et encourageront un changement positif et des legs sur les plans sociaux, économique et environnemental » (CIO, 2025). Un département de l’administration du CIO est créé pour le développement organisationnel, la marque et la durabilité en 2015. Sa responsable devient ensuite directrice du développement de l’organisation et du développement durable (IOC, 2015).

En 2016, le CIO adopte une stratégie en matière de durabilité (CIO, nd [2016]). Elle définit trois sphères de responsabilité décroissantes en la matière : « le CIO en tant qu’organisation ; le CIO en tant que propriétaire des Jeux olympiques ; le CIO en tant que chef de file du mouvement olympique ». Ces trois sphères concernent cinq thèmes clés : les infrastructures et sites naturels olympiques ; l’approvisionnement et la gestion des ressources ; la mobilité ; les travailleurs ; le climat. Comme on le voit, il s’agit surtout de durabilité environnementale (sauf le thème « travailleurs » qui peut être qualifié de durabilité sociale). Il est précisé dans cette stratégie que « les thèmes de la bonne gouvernance et de l’éthique sont étroitement liés à la durabilité mais ils sont traités dans le cadre d’autres programmes menés au CIO – sous le pilier « crédibilité » de l’Agenda olympique 2020 – et ne sont donc pas spécifiquement couverts par les cinq thèmes clés. » (CIO, nd [2016], p. 7). En conséquence, un chapitre entier intitulé « Durabilité et héritage olympique » est ajouté aux Conditions opérationnelles du contrat de ville hôte signé entre le CIO et les autorités locales au moment de l’attribution des Jeux (CIO, 2017a, article 15.3, p. 17). Dans la foulée de cette stratégie le CIO recrute la responsable durabilité des Jeux de Rio 2006 et s’engage en 2018 dans l’initiative des Nations Unies pour le sport au service de l’action climatique (UN Sport for Climate Action Framework) qui prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % à l’horizon 2030. Le nouveau siège du CIO inauguré en 2019 obtient trois des certifications les plus exigeantes en matière de durabilité (CIO, 2019). Le CIO adopte en 2022 un code pour ses fournisseurs (qui doivent être responsables).

Le CIO est alors une des premières organisations sportives à adopter une stratégie en matière de durabilité. World Athletics ne le fera qu’en 2020 (WA, 2020). L’Union cycliste internationale (UCI) comme l’Union des associations européennes de football (UEFA) en 2021 (UCI, 2021 ; UEFA, 2021), la Fédération internationale de ski en 2024 (FIS, 2024), etc. Il veut ainsi marquer son leadership sur le sport mondial, même si son influence diminue plus on s’éloigne de la première sphère (le CIO en tant qu’organisation). Pour favoriser les pratiques durables dans l’ensemble du mouvement olympique (troisième sphère), le CIO attribue depuis 2022 des Prix Action Climat aux FI, CNO et FN. En 2023, le CIO est certifié ISO 20121 pour ce qui est de la durabilité des événements qu’il organise lui-même (réunions annuelles, commissions, conférences, etc.)

Stratégie héritage

Un an après sa stratégie durabilité, le CIO adopte une stratégie « pour l’avenir » à propos de l’héritage olympique (CIO, 2017b). Il y donne pour la première fois une définition officielle : « L’héritage olympique est le résultat d’une vision. Il englobe tous les bénéfices tangibles et intangibles à long terme amorcés ou accélérés par l’accueil des Jeux Olympiques/de manifestations sportives pour les personnes, les villes/territoires et le Mouvement olympique » (CIO, 2017, p. 13). Cette définition va au-delà de celle de l’article 2.15 de la Charte olympique (cf. supra) puisque, au-delà des « villes et pays hôte » déjà mentionnés, elle inclut les personnes (people en anglais) et le mouvement olympique. Il est ajouté que cet héritage doit résulter d’une vision partagée entre la ville/territoire hôte et le mouvement olympique (représenté par le CIO qui élit la ville/territoire hôte).

Il est précisé dans le document que, face aux nombreuses définitions existantes, « Le CIO a pris l’initiative de réunir les différentes dimensions de l’héritage olympique dans une seule et même définition. La définition [ci-dessus] de l’héritage n’a pas été créée dans un but théorique, mais plutôt à des fins d’harmonisation au sein du Mouvement olympique. Elle est le fruit d’un dialogue ouvert avec de nombreuses parties prenantes ». Une note indique que : « En français, le terme anglais “legacy” se traduit par “héritage”, et « heritage” par “patrimoine” ». Bien que ces deux termes ne soient pas synonymes en anglais ni en français, le même terme est utilisé dans de nombreuses langues pour exprimer ces deux idées. Généralement, le patrimoine désigne l’ensemble des biens historiques, culturels et naturels que nous héritons de nos ascendants et que nous transmettons à nos descendants, alors que l’héritage fait plutôt référence à ce qu’une entreprise, une personne, un événement ou un projet laisse derrière elle/lui, que ce soit matériel ou immatériel. Le terme de patrimoine est déjà utilisé par le CIO dans le contexte culturel ». Par exemple pour la Fondation qui gère le Musée olympique, mais pas pour motiver l’organisation des Jeux. De plus, comme le soulignent Loudcher et ses collègues (Loudcher, Suchet & Soulier, 2023), tout héritage ne devient pas patrimoine.

La mention de trois parties prenantes importantes dans cette définition qui va au-delà de ce qui est mentionné dans la règle 2.15 de la Charte olympique est intéressante, mais laisse de côté d’autres parties prenantes capitales comme les athlètes (à moins qu’ils soient pris en compte dans les « personnes » avec les résidents du territoire hôte et autres « participants »), les partenaires médiatiques (diffuseurs) et commerciaux (sponsors), les (télé-)spectateurs, etc. La nouvelle définition parle aussi de « bénéfices accélérés », par exemple de projets prévus mais jamais réalisés et que les Jeux rendent d’actualité (par exemple la « baignabilité » de la Seine pour Paris 2024). Cette notion de « bénéfices accélérés » nécessite des arbitrages entre ce qui n’aurait jamais été réalisé ou longtemps après les Jeux et ce qui est vraiment lié aux Jeux. Par ailleurs, les coûts de ces projets accélérés ne sont en général pas pris en charge par le COJOP. Est-il alors légitime de les comptabiliser comme héritage des Jeux ?

Plus loin, le document stratégique distingue héritage et durabilité (« l’un des trois piliers de l’Agenda olympique 2020 ») : « Interdépendantes et complémentaires, la durabilité et l’héritage sont pourtant deux notions distinctes. Si l’héritage englobe les bénéfices ou résultats à long terme de la vision mise en œuvre par le Mouvement olympique, la durabilité désigne les stratégies et processus employés lors de la prise de décision pour maximiser les impacts positifs et minimiser les impacts négatifs sur les plans social, économique et environnemental ». Cette distinction est étrange dans la mesure où la durabilité concerne aussi le futur et a été définie par l’ONU dans le fameux Rapport Brundtland (voir ci-dessus) comme « répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs ». (Nations Unies, 1987, p. 26). Par ailleurs, la stratégie du CIO en matière de durabilité fait le lien entre les missions du mouvement olympique avec une dizaine des 17 objectifs du développement durable (ODD) à long terme (pour 2030) publiés par les Nations Unies en 2015 (CIO, 2017b, p. 7).

Finalement, la stratégie du CIO précise sept catégories de bénéfices des Jeux à long terme en matière d’héritage tout en précisant que « la portée de l’héritage des Jeux Olympiques varie d’une édition à l’autre » : développement du sport organisé ; développement social par le sport ; compétences humaines, réseaux et innovations ; culture et développement créatif ; aménagement urbains ; valorisation environnementale ; valeur économique et capital de marque (CIO, 2017b, p. 17). Ces bénéfices peuvent être évalués selon les changements apportés par les Jeux sur six dimensions d’un outil élaboré pour mesurer l’héritage par Holger Preuss (CIO, 2017b, p. 30).

En 2020, le CIO donne une suite plus concrète à la stratégie de 2017 en se fixant des objectifs pour 2021-2024, en anglais seulement (IOC, 2021). Quatre objectifs sont formulés : 1) intégrer l’héritage à travers le cycle de vie des Jeux olympiques dès la candidature, pendant et après notamment en prévoyant une structure et un financement à long terme en la matière chargée aussi de son évaluation ; 2) Communiquer sur l’héritage de toutes les éditions des Jeux du passé et à venir ; 3) encourager la célébration de l’héritage olympique pour un territoire et les participants à des Jeux notamment les volontaires et les relayeurs de la flamme olympique ; 4) Développer et renforcer des partenariats stratégiques avec l’Union mondiale des villes olympiques et d’autres comme l’Organisation de coopération et développement économique (OCDE) et le Yunus Sport Hub.

Le premier de ces objectifs reconnaît que le COJOP est un organisme éphémère et que l’héritage (à long terme selon la définition adoptée) ne peut pas lui être confié. Le deuxième objectif a conduit le CIO à faire réaliser des études de cas sur chaque Jeux depuis l’origine (non publiques) et une étude sur le devenir de toutes les installations olympiques depuis les premiers Jeux modernes qui conclut que 85 % sont encore en service (OSC, 2022). Le troisième objectif a vu le CIO encourager sans financement certaines célébration des Jeux du passé et la pose de grands anneaux olympiques dans les villes hôtes, par exemple à Montréal pour le quarantième anniversaire des Jeux d’été. Ces anniversaires évoquent parfois des héritages négatifs comme lors du cinquantième anniversaire des Jeux de Grenoble 1968 (Chaix, 2018). Pour ce qui est des partenariats, l’Union mondiale des villes olympiques est un organisme qui réunit la plupart des villes qui ont organisé les Jeux d’été ou d’hiver sous la présidence du maire de Lausanne, nommée « capitale olympique » par le CIO en 1994 (cf. https://olympiccities.org). Elle organise une conférence annuelle pour échanger sur l’organisation des événements sportifs et leurs héritages.

Durabilité, impact et héritage des Jeux de Tokyo 2020+1 et Paris 2024

Avec l’organisation de Jeux de Tokyo 2020+1 reportés d’un an et celle de Paris 2024, les concepts de durabilité et d’héritage ont été utilisés conjointement par le CIO et le COJOP dans leur communication. Y est ajouté la notion d’impact pour traiter des retombées à court terme des Jeux conformément aux suggestions de la littérature sur le sujet. Le COJO de Paris 2024 comporte d’ailleurs dès sa création une directrice « impact et héritage » et le CIO lui-même recrutera en 2025 un « head of impact and legacy » après la démission de sa première « head of legacy » après les Jeux de Paris.

À Tokyo 2020+1 la durabilité autre qu’environnementale est mise en avant dans la deuxième version du plan de durabilité du COJOP, alors que la première version insistait surtout sur des questions comme le changement climatique, les ressources naturelles et la biodiversité (TOCOPG, 2017). Ce deuxième plan comporte cinq facettes assez générales : People ; Prosperity ; Peace ; Partnership ; Planet (TOCOPG, 2018, p. 14). Le concept global proclamé de ce deuxième plan est : « Be better, together, For the planet and the people ». À l’occasion de sa réunion au moment des Jeux en 2021, le CIO modifia d’ailleurs la devise de ses débuts (plus vite, plus haut, plus fort) en y rajoutant le mot « ensemble » (CIO, 2021). Un troisième rapport sur la durabilité des Jeux de Tokyo 2020+1 a été publié par le Comité d’organisation (TOCOPG, 2022). Il reprend les résultats atteints sur cinq thèmes : Climate Change ; Resource Management ; Natural Environment and Biodiversity ; Human Rights, Labour and Fair Business Practicees ; Involvement, Cooperation and Communication (engagement), thèmes qui combinent ceux des versions 1 et 2 de ses plans de durabilité.

La bonne performance en matière de durabilité de Tokyo 2020+1 est remarquée par un article dans une revue scientifique respectée par Trendafilova et ses collègues (2022) avec une réserve due à la tenue de ces Jeux sans spectateur pendant une pandémie (ce qui a fortement réduit l’impact sur les transports) : « Les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont peut-être été les Jeux les plus respectueux de l’environnement. Ce bilan écologique est significatif, mais il pourrait s’agir d’une référence irréaliste, étant donné que la faible fréquentation due à la pandémie de COVID-19 a largement influencé la durabilité écologique ». Ces résultats positifs ont peu été rapportés par les médias.

À Paris 2024, le nombre de billets vendus a dépassé les douze millions battant de plus de quatre millions tous les records précédents. Environ deux millions ont été vendus à des spectateurs hors de France qui sont probablement venus pour la plupart en avion. L’impact environnemental dû aux transports vers Paris (aussi pour les résidents hors de l’Île de France) a donc été important comme il l’est pour toute manifestation souhaitant attirer une large audience. Après plusieurs rapports d’évaluation intermédiaires, le COJOP a publié trois mois avant les Jeux de 2024 à des fins de communication un rapport très positif (Paris 2024a, 2024) qui a été complété en décembre 2024 par un rapport post-Jeux (Paris 2024b, 2024) tout aussi positif qui liste l’ensemble des secteurs où le COJOP a fait « mieux avec moins » en matière de durabilité. En décembre 2014 également, la Revue Pouvoirs locaux publie un numéro spécial positif sur les Jeux olympiques de 2024 (Pouvoirs locaux, 2024) qui souligne l’héritage positif des Jeux sur l’image de la France à l’extérieur. En attendant des études scientifiques indépendantes, il semble que Paris ait fait mieux en matière de durabilité que les éditions récentes de Londres 2012 et Rio 2016, notamment pour l’empreinte carbone des opérations pendant les Jeux et des (peu nombreuses) constructions, ainsi que pour la réutilisation des équipements post-Jeux. On notera également la réalisation à l’occasion de ces Jeux d’un logiciel (Climate Coach) destiné à aider de futurs organisateurs à estimer et comprendre les émissions de CO2 de leur événement (une forme d’héritage).

Pour ce qui est de l’impact à court terme, les études post-Jeux manquent au-delà des treize études commandées par la Direction interministérielle des Jeux olympiques et paralympiques (DIJOP) qui sont plutôt des évaluations de politiques publiques non-disponibles au moment de l’écriture de cet article. Une des rares études disponibles juste après les Jeux évalue en décembre 2024 le bien-être des Français – un impact immatériel des Jeux (Perona, 2025). Elle est due à l’Observatoire du bien-être CEPREMAP qui mesure depuis des années cet indicateur en France. Elle remarque qu’« après l’embellie de septembre [juste après les Jeux], probablement liée aux Jeux Olympiques de Paris, le bien-être des Français a reculé au quatrième trimestre 2024, sous la double pression d’un retour des inquiétudes matérielles et de l’instabilité politique. Dans la plupart des domaines, il retrouve son niveau de l’année dernière, souvent proche de la moyenne depuis le début de notre enquête ». Cette citation souligne finalement qu’il est impossible de démontrer scientifiquement toute causalité entre, d’une part, le déroulement des Jeux et, d’autres, la plupart des indicateurs car de nombreux autres facteurs non liés aux Jeux peuvent intervenir pour l’influencer (ici l’instabilité politique française après l’été 2024).

Ce qui est certain, par contre, c’est que les Jeux de Paris 2024 comme les éditions précédentes on fait de nombreux « gagnants et perdants » comme l’ont bien remarqué depuis longtemps plusieurs auteurs, par exemple Preuss (2010). Parmi les « gagnants », on peut citer le CIO qui a pu encaisser définitivement des droits de télévision conséquents, les diffuseurs qui ont vu leurs audiences et revenus publicitaires exploser, les hôteliers parisiens qui ont fait le plein pendant le mois olympique (mais se sont plaints d’un faible taux d’occupation avant), les volontaires olympiques qui ont gagné en expérience et employabilité, certains médaillés rendus célèbres, etc. Parmi les « perdants », on peut citer les personnes déplacées hors de Paris, les athlètes harcelés sur les réseaux sociaux, Air France qui a vu son trafic baisser par rapport à l’été précédent, les parisiens qui ont subi des difficultés de circulations, etc. Autant d’impacts positifs ou négatifs rarement pris en compte. Pour l’héritage (à long terme), il serait utile que des études aient lieu dans une dizaine d’années et puisse être mise en parallèle au rapport sur le coût des Jeux qui doit être publié en 2025 par la Cour des comptes, l’auditeur public des comptes français.

Conclusion

La question de la durabilité des grands événements sportifs comme les Jeux olympiques est d’actualité dans la mesure où leur impact environnemental, mais aussi social et économique est l’objet de plus en plus d’interrogations. La réponse globale à ces interrogations est de rendre les Jeux plus durables au sens large, c’est-à-dire apte à satisfaire les besoins de la génération actuelle sans compromettre ceux des générations futures. Cet article a montré comment les idées de protection de l’environnement, puis de durabilité et enfin d’héritage et d’impact ont été introduites progressivement dans le système olympique sans être toujours bien définies et comprises, et donc souvent sans être vraiment évaluées pour autant que cela soit possible.

Il est incontestable que tout événement sportif ou non a un impact proportionnel à sa taille, notamment au nombre de personnes (athlètes, accompagnateurs, collaborateurs, spectateurs, etc.) qu’il implique. De ce point de vue, les Jeux olympiques sont sans doute l’événement qui implique le plus de personnes. On ne peut donc réduire leur impact à zéro (hors compensation) sauf à ne plus les organiser du tout. On peut juste viser à ce que chaque édition soit plus durable que la précédente ce qui semble être le cas pour des Jeux récents. Cela passera par des mesures visant à plus de durabilité qui devront affronter l’idée même de vouloir rassembler tous les quatre ans la planète entière sur un seul territoire.

Des recherches futures en management des événements sportifs devraient donc se concentrer sur comment maximiser les impacts positifs et minimiser les impacts négatifs des Jeux futurs sans remettre en cause leur raison d’être, c’est-à-dire comment réduire leur taille sans toucher à leur spécificité, au risque de voir les Jeux disparaitre s’ils ne sont plus en phase avec la société où ils existent comme ce fut déjà le cas à la fin du quatrième siècle après JC (accéléré par le décret d’un empereur byzantin).


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[1] Certains utilisent « soutenabilité », cf. (Gouguet, 2025).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
mshbordeaux (22 avril 2025). Le chemin olympique vers la durabilité et l’héritage (1994-2024). Maison des Sciences Humaines Bordeaux. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13s7y


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