doi:10.58079/12j1y

Handicap et participation dans les pratiques étudiantes en ligne : étude exploratoire des facteurs identitaires et environnementaux

par mshbordeaux · Publié 18 octobre 2024 · Mis à jour 21 novembre 2024

Disability and participation in online student practices: an exploratory study of identity and environmental factors

Article issu de la 18^e conférence EUTIC: Humanisme numérique et durabilité sociale, MSH Bordeaux, 11-13 octobre 2023 organisée dans le cadre de l’Appel à projets MSHBx 2023 EUTIC2023.

María Inés LAITANO
Laboratoire Paragraphe, Université Paris 8, France
mlaitano02[@]univ-paris8.fr

Adama Sidiki DIOURTE
Observatoire de la vie étudiante, Université Paris 8, France
adama-sidiki.diourte02[@]univ-paris8.fr

Résumé
Cet article examine les facteurs identitaires et environnementaux des pratiques étudiantes qui contribuent à l’apparition de situations de handicap ou de participation en ligne. En analysant la production du handicap dans le contexte universitaire, l’étude souligne que l’accessibilité aux technologies numériques dépasse la simple capacité à lire ou manipuler du contenu. Elle dépend également des réalités sociales des étudiantes et des étudiants, ainsi que de la médiation mise en œuvre par l’université. L’enquête par questionnaire menée en 2023 auprès des inscrits au Pôle Handicap de l’université Paris 8 révèle que des facteurs tels que la position sociale, la nationalité, la cohabitation, la première inscription à l’université, la filière, et l’aide humaine mise en place par l’université jouent un rôle dans l’expérience de situations de handicap en ligne. Les étudiants salariés, ceux inscrits dans des niveaux supérieurs, et ceux bénéficiant d’une prolongation du temps pour leurs examens, entre autres, présentent des taux de participation en ligne plus élevés.

Mots-clés : accessibilité numérique, production du handicap, pratiques étudiantes, université Paris 8, facteurs identitaires, facteurs environnementaux

Abstract
This article examines the identity and environmental factors in student practices that contribute to the emergence of situations of disability or participation online. By analyzing the production of disability in the university context, the study highlights that accessibility to digital technologies goes beyond the mere ability to read or manipulate content. It also depends on the social realities of students and the mediation implemented by the university. The questionnaire survey conducted in 2023 among those enrolled in the Disability Center at Paris 8 University reveals that factors such as social status, nationality, cohabitation, first-time enrollment at the university, field of study, and human assistance provided by the university play a role in the experience of online disability situations. Working students, those enrolled in higher levels, and those receiving extended time for their exams, among others, show higher rates of online participation.

Keywords: digital accessibility, production of disability, student practices, Paris 8 University, identity factors, environmental factors

1. De l’accessibilité aux situations de participation

La définition la plus partagée de l’accessibilité numérique, celle des instances de standardisation et de régulation (Yesilada et al., 2012), considère que les contenus numériques sont accessibles s’ils sont conçus et codés de manière à que les personnes dites handicapées puissent les utiliser (Henry, 2005). La possibilité d’utilisation signifie ici la possibilité de percevoir et de comprendre les contenus, de naviguer et d’interagir avec eux, mais aussi de produire de nouveaux contenus. Les normes pour l’accessibilité des contenus établissent ainsi des critères auxquels doivent se conformer les textes, les images, les médias et le code pour être accessibles. À l’instar d’une grande partie de la recherche sur ce sujet, les standards d’accessibilité se focalisent sur les conditions de production des contenus : ils visent une utilisation potentielle sans entrer dans la confrontation de ces contenus aux réalités des personnes finalement destinataires (Folcher & Lompré, 2012).

La possibilité d’utilisation réelle du numérique pose cependant des questions qui vont au-delà de la lisibilité ou de la manipulation du contenu. Sur le plan des compétences par exemple, se pose le problème du niveau de maîtrise qu’a l’usager de son équipement matériel et logiciel mais aussi du domaine des contenus (Brajnik, 2008). Sur le plan de la médiation, c’est-à-dire des contenus comme moyens d’une pratique sociale, se pose la question de la stratégie du producteur des contenus vis-à-vis des usagers (Laitano, 2015) ainsi que des intentions des usagers au moment de l’utilisation (Liquète, 2015). Comprendre les difficultés rencontrées par les personnes dites handicapées face aux pratiques numérisées de la vie quotidienne demande donc de pouvoir les situer et les contextualiser.

Le modèle de production du handicap (Fougeyrollas, 2016) explique fort justement l’aspect contextuel des situations de handicap ou de son pendant positif : les situations de participation (Figure 1). Le handicap se produit par l’interaction de facteurs personnels et de facteurs environnementaux dans des situations de vie quotidienne (les habitudes de vie). Les facteurs personnels comprennent des facteurs identitaires, des aptitudes et des systèmes organiques. Les facteurs environnementaux font référence au contexte physique (dont le numérique) ainsi qu’au contexte social dans lequel les individus évoluent. La force de ce modèle réside dans la distinction conceptuelle entre aptitudes et habitudes de vie : alors que l’aptitude est la possibilité d’accomplir une activité physique, psychologique ou intellectuelle dans un espace standardisé, l’habitude de vie est un construit socio-culturel découlant de la socialisation et de l’apprentissage (Fougeyrollas et al., 2019). L’habitude de vie peut seulement être comprise si sont pris en compte des éléments spécifiques du contexte de vie de la personne. La séparation entre aptitudes et habitudes de vie prévient ainsi l’explication de situations de handicap par des facteurs liés exclusivement à la personne, et en même temps, l’explication de situations de participation par un facteur isolé de l’environnement tel que le numérique.

Figure 1 – Le Modèle de développement humain – Processus de production du handicap

2. Expliquer les situations de handicap/participation

Les situations de handicap ou de participation peuvent être identifiées au niveau des habitudes de vie. Le modèle de production du handicap estime que le degré de réalisation de ces habitudes, le type et l’intensité d’aide requis ainsi que le degré de difficulté indiquent si une personne expérimente des situations de handicap ou de participation (Fougeyrollas, 2021). Sur ce principe est conçu le questionnaire de mesure des habitudes de vie (Fougeyrollas & Noreau, 2003), largement utilisé pour quantifier les situations de handicap qu’une personne rencontre dans l’ensemble de ses contextes de vie (domicile, lieu de travail ou d’études, quartier). Le type d’aide requis est classée en aide technique, aménagement et/ou aide humaine, cette dernière étant comptabilisée comme l’aide la plus invalidante. La question de l’aide humaine apparaît aussi dans les référentiels de compétences numériques comme un indicateur du niveau de compétences : moins l’individu est accompagné et guidé par un tiers, plus il est autonome et compétent face au numérique (Carretero Gomez et al., 2017). Cela est bien le revers d’habitudes de vie qui, pour plusieurs, sont numérisées afin d’être réalisables en autonomie.

Si la réalisation des habitudes de vie identifie ou mesure les situations de handicap, elle ne les explique pas pour autant. Ce sont les facteurs personnels et environnementaux qui, à un moment donné et dans des habitudes de vie spécifiques, détermineront avec plus ou moins de force des situations de handicap ou de participation. C’est dans cette visée explicative (de Singly, 2020) que la présente étude a été menée, afin de rendre visibles des déterminants du handicap et de la participation dans les pratiques numérisées de la vie étudiante. Les données disponibles ont permis d’observer certains facteurs identitaires, qui caractérisent le parcours de vie et définissent l’étudiant au début de chaque année universitaire : son âge, son sexe, sa nationalité, sa situation familiale, son statut salarial ou boursier, son code postal de résidence, son année de première inscription dans une université française, son année de première inscription à Paris 8, son dernier diplôme obtenu, son niveau d’études actuel. D’un autre côté, ont été examinés des facteurs environnementaux intervenants dans les pratiques numérisées de la vie étudiante. Au niveau méso (c.a.d. conçus pour la communauté estudiantine) ont été observées la modalité de formation (à distance ou pas), les aides techniques utilisées, les aides humaines mobilisées, les aménagements pédagogiques de cursus, de cours ou d’examen. Au niveau micro ou personnel a été observé le mode d’hébergement de l’étudiant.

3. L’enquête auprès des inscrits au Pôle Handicap

Dans le cadre de sa politique en faveur de la vie étudiante, l’Université Paris 8 a entrepris une enquête par questionnaire visant à évaluer son service auprès des 535 étudiants inscrits au Pôle Handicap durant l’année académique 2022-2023. Après des questions générales portant sur les domaines les plus handicapants et les aides utilisées, le questionnaire comprenait une série de questions concernant la réalisation en ligne de pratiques courantes telles que la candidature, l’accès aux actualités, le suivi des cours, ainsi que la passation des examens, entre autres. Les questions insistaient sur la réalisation effective des pratiques, en demandant par exemple : « Avez-vous réussi à passer les tests en ligne de positionnement en langues ? ». Les réponses étaient conçues pour recueillir non seulement la réalisation de ces activités, mais aussi le type d’aide requise, sur une échelle simplifiée incluant les options suivantes : « Oui, seul sans aide », « Oui, avec aide technique », « Oui, avec l’aide de quelqu’un », « Non, je ne suis pas arrivé », « Je n’ai jamais passé ces tests ».

Le questionnaire a été diffusé par courrier électronique, en français, du 02/05/2023 au 28/08/2023, et a reçu 171 réponses, ce qui correspond à un taux de réponse de 32 %. La moitié des répondants était âgée de 30 ans ou plus (49 %), elles étaient majoritairement des femmes (80 %) et la plupart vivait seul sans enfant (69 %). Parmi eux, 24 % étaient bénéficiaires de bourses, 30 % travaillaient en parallèle de leurs études, 19 % résidaient dans le département de la Seine-Saint-Denis, et 26 % avaient des parents appartenant à une catégorie socio-professionnelle inférieure ou sans emploi. Ils étaient inscrits en Licence (62 %), en Master (35 %), en Doctorat (2 %), ou en BUT (1 %). Pour 36 % d’entre eux, il s’agissait de leur première inscription à Paris 8, et pour 10 % d’entre eux, de leur première inscription dans une université française. 11 % étaient de nationalité étrangère et 20 % étaient titulaires d’un Bac professionnel ou technologique.

Près de la moitié des étudiants (46 %) suivaient leurs études à distance. La moitié était inscrite en Psychologie et 63 % des répondants se trouvaient dans une filière en Sciences Humaines et Sociales. Parmi les étudiants se trouvant en première année de licence (L1), presque la moitié (48 %) avait validé la formation au numérique proposée par l’université dans tous les cursus de L1. Une grande partie des répondants (71 %) ont déclaré bénéficier d’aménagements pour les examens, comme du temps supplémentaire ou la possibilité de sortir de la salle. De plus, 45 % bénéficiaient d’un cursus adapté, notamment avec des dispenses d’assiduité ou des ajustements d’horaires. En termes de support, environ 20 % ont eu accès à des outils numériques ou à des adaptations matérielles pour suivre leurs cours, tandis que 19 % ont reçu un soutien humain en classe, tel que des interprètes en Langue des Signes Française (LSF) ou des preneurs de notes. Pour leur quotidien universitaire, 38 % ont indiqué recevoir de l’aide de leur famille et/ou de leurs amis, 30 % de leurs camarades de promotion, et 15 % des professionnels de l’université. Par ailleurs, 25 % des répondants n’ont utilisé aucune aide technique, tandis que d’autres ont eu recours à des aides telles que l’augmentation de contraste (7 %), des sous-titres pour les sourds/malentendants (6 %), un lecteur d’écran (5 %), ou encore une plage Braille (2 %). En ce qui concerne le logement, plus de la moitié (54 %) des étudiants habitaient un logement personnel, tandis que 29 % vivent chez leurs parents.

4. Premiers résultats

La première lecture des résultats a croisé un nombre important de déterminants potentiels avec une représentation simplifiée des situations vécues en ligne (cf. tableaux en annexe). Pour cela un indice unique des situations vécues a été construit sur les réponses portant sur la réalisation des pratiques en ligne. L’indice distribue les répondants en trois groupes :

les ayant rencontré une situation de handicap qui ont répondu « Non, je ne suis pas arrivé » ou « Oui, avec l’aide de quelqu’un » au moins une fois dans le questionnaire.
les ayant réussi à participer qui n’ont jamais répondu « Non, je ne suis pas arrivé » ou « Oui, avec l’aide de quelqu’un » mais qui ont répondu « Oui, seul sans aide » ou « Oui, avec aide technique » au moins une fois.
Et les autres qui sont le reste des répondants, qui ont répondu n’avoir jamais réalisé cette pratique ou qui n’ont pas répondu à la question, pour toutes les questions.

Cette méthode permet une distribution équilibrée des répondants dans les trois catégories (40 %, 42 %, et 18 % respectivement), facilitant ainsi les analyses croisées. De plus, elle prend en compte les questionnaires incomplets en classant les répondants dans l’une des deux premières catégories dès qu’ils ont répondu à au moins une question.

4.1. Déterminants des situations de handicap en ligne

Alors que le sens commun lie souvent la maîtrise numérique à la jeunesse, notre analyse met en lumière que les étudiants de moins de 30 ans étaient plus enclins que leurs aînés à faire face à des situations de handicap. De plus, la nationalité étrangère, englobant les défis liés à la maîtrise d’une langue et d’une culture différentes dans les pratiques numériques, se révèle être un facteur déterminant de ces difficultés. Les étudiants étrangers étaient nettement plus nombreux (+25 points) que les étudiants français à faire face à des obstacles. Parmi eux, ceux originaires d’Afrique du Nord étaient surreprésentés, surpassant de 45 points leurs homologues européens, d’Afrique subsaharienne ou d’autres nationalités. Deux indicateurs couramment associés à la position sociale, à savoir la catégorie sociale des parents et le type de baccalauréat obtenu, semblent également jouer un rôle explicatif dans les situations de handicap. Les étudiants issus de familles où les deux parents sont sans emploi étaient plus susceptibles de rencontrer des difficultés que leurs pairs. De plus, les détenteurs d’un baccalauréat professionnel ou technologique étaient plus enclins à vivre des situations invalidantes. Enfin, les étudiants nouvellement arrivés à Paris 8, dépourvus d’une expérience des spécificités locales de cette université, étaient plus enclins que les étudiants réinscrits à être confrontés à des situations de handicap.

En ce qui concerne les facteurs environnementaux, il apparaît que les étudiants suivant des cours « en présentiel » étaient plus susceptibles de rencontrer des difficultés dans les pratiques en ligne par rapport à ceux inscrits en éducation à distance. Ce constat peut paraître paradoxal face à l’idée qu’une utilisation intense du numérique produirait davantage de situations invalidantes et en même temps en accord avec l’idée que les pratiques se construisent par l’expérience et l’apprentissage. En outre, les étudiants en Sciences, Technologies et Santé semblent être plus enclins que leurs pairs issus d’autres filières à éprouver des difficultés, bien que ne représentant que 5 % des répondants. Ces étudiants, a priori plus familiarisés avec le numérique, pourraient être confrontés à des logiciels spécifiques ou plus complexes, moins accessibles que ceux à usage plus généralisé. De plus, la présence du Master Technologie et Handicap au sein de cette filière pourrait expliquer une perception plus fine du handicap parmi ces répondants.

La présence ou l’absence d’un contexte familial semble aussi avoir un rapport avec les difficultés rencontrées : les répondants résidant en résidence universitaire ou en chambre d’étudiant étaient 24 points plus nombreux que ceux vivant chez leurs parents ou dans un logement personnel à éprouver des difficultés. Les étudiants vivant seuls sans enfants étaient plus nombreux que ceux en couple, avec ou sans enfants, à rencontrer ces obstacles. En même temps, le handicap semble être plus présent chez les étudiants s’appuyant principalement sur leur entourage personnel au quotidien : ceux sollicitant camarades, amis ou famille pour leur vie universitaire étaient plus désavantagés que ceux bénéficiant du soutien du personnel de l’université.

En scrutant les aménagements dont bénéficiaient les participants, une relation entre l’assistance humaine et les situations de handicap devient apparente : ceux faisant appel à ces aides rencontrent plus de difficultés que ceux n’y ayant pas recours. Ainsi, les étudiants suivant des cours avec des interprètes, des preneurs de notes, des tuteurs ou des transcripteurs sont plus susceptibles que les autres de faire face à des situations de handicap en ligne. De même, ceux bénéficiant de surveillants ou de secrétaires d’examen pendant les épreuves sont 29 points plus enclins à rencontrer des difficultés que les autres. Ces liens pourraient également être interprétés comme des besoins de compensation se manifestant également lors d’autres pratiques en ligne en dehors du suivi des cours ou de la passation d’examens.

Pour finir, deux résultats ne surprennent guère : les étudiants de L1 n’ayant pas suivi ou validé la formation au numérique ont été 44 points plus nombreux à rencontrer des situations de handicap en ligne que ceux l’ayant validée. De même, les utilisateurs d’aides techniques telles que les contrastes augmentés, les sous-titres pour sourds/malentendants, les lecteurs d’écran ou les plages Braille sont plus défavorisés que les autres utilisateurs.

4.2. Déterminants des situations de participation en ligne

Lorsque l’on examine les variables susceptibles d’expliquer la participation, il est constaté que l’âge, la durée passée dans l’enseignement supérieur et l’expérience professionnelle sont liés à l’autonomie. Plus précisément, les individus âgés entre 30 et 39 ans se sont révélés être les plus représentés parmi ceux ayant pris part aux activités en ligne, individuellement, avec ou sans aide technique. Les étudiants inscrits en master étaient plus nombreux que ceux en licence, notamment les étudiants de Master 2, qui surpassaient en nombre leurs pairs des niveaux inférieurs. De plus, les réinscrits à Paris 8 étaient plus nombreux que les nouveaux arrivants. Parmi ceux ayant commencé leurs études supérieures il y a plus de 15 ans, on a remarqué une fréquence de participation plus élevée que chez ceux s’étant inscrits plus tard. Enfin, une proportion plus importante de participation était constituée d’étudiants salariés par rapport à ceux sans emploi rémunéré.

Dans les aménagements, une relation entre la participation et le besoin de temps supplémentaire se dessine : les étudiants bénéficiant d’une prolongation du temps pour leurs examens ont été plus nombreux à participer que ceux sans cet aménagement. De manière prévisible, les non-utilisateurs d’aides techniques ont également affiché une plus grande fréquence de participation que les utilisateurs de ces dispositifs.

Plusieurs croisements de données viennent confirmer, par la participation, les facteurs préalablement évoqués comme déterminants des situations de handicap en ligne. Les étudiants en couple, qu’ils aient ou non des enfants, ont montré une participation plus élevée que les célibataires. De même, ceux qui reçoivent de l’aide dans leur parcours universitaire de la part des professionnels de l’université ont mieux réussi que ceux bénéficiant d’un soutien de leur entourage personnel. Les étudiants de L1 ayant validé la formation au numérique ont manifesté une participation bien plus importante (+38 points) que ceux n’ayant pas suivi ou validé cette formation. Enfin, les personnes habitant un logement personnel ont été plus nombreux à participer que les autres.

5. Éléments de conclusion

La mise en accessibilité des contenus numériques est cruciale pour favoriser l’autonomie des personnes dites handicapées. Cependant, la complexité inhérente aux situations de handicap ou de participation ne peut être réduite à une approche purement technologique. L’étude exploratoire que nous avons menée a souligné la diversité et la multiplicité des facteurs qui expliquent ces situations. Elle nous invite notamment à considérer les rapports entre le parcours de vie de l’étudiant et ses pratiques numériques, la synergie potentielle entre les aménagements pédagogiques et la réalisation des activités en ligne, ainsi qu’à valoriser l’accompagnement à la maîtrise des outils dans le cadre universitaire. Chacun de ces aspects mérite une investigation approfondie pour mieux appréhender leurs conséquences sur les expériences des individus.

Quant à la méthodologie de l’enquête par questionnaire, des améliorations peuvent être envisagées pour les recherches à venir. Il serait pertinent d’instaurer un processus d’échantillonnage pour assurer la représentativité de la population inscrite au Pôle Handicap. De plus, diversifier les méthodes de collecte des réponses en intégrant des approches non exclusivement en ligne, telles que des entretiens en face-à-face ou téléphoniques, préviendrait des situations de handicap lors du passage du questionnaire.

6. Remerciements

Les auteurs remercient très chaleureusement Najat Idder, Responsable du Pôle Handicap de l’université Paris 8, et Jean-René Goiran, Directeur adjoint en charge du Pilotage de l’université Paris 8, pour la mise en place et leur contribution à l’enquête par questionnaire qui a permis la réalisation de cette étude.